Brève présentation du grotesque littéraire

 

 

   On peut considérer comme constituant le grotesque littéraire l’ensemble des éléments suivants :

 

  • Comique de caricature : la réalité est déformée, souvent de façon outrancière, ce qui produit des entités (personnages, objets, …) présentant toutes sortes de difformités.
  • Bizarre : les déformations apportées à la réalité peuvent produire des effets d’étrangeté, d’incohérence.
  • Mélange des genres et des styles. Le grotesque aime les formes hybrides. C’est vrai aussi en ce qui concerne les genres. Le sérieux et le bouffon se côtoient fréquemment dans les œuvres grotesques. Le grotesque pervertit la séparation entre le haut et le bas.
  • Autre frontière transgressée : celle qui sépare le comique et le tragique. Souvent une même situation apparaît dans le grotesque comme étant à la fois tragique et risible. Ce qui renforce l’impression de chaos que produit la réalité représentée par l’œuvre.
  • Transgression des frontières entre l’homme et l’animal. Souvent liée à une remise en honneur de la matière et du corps.
  • Une figure-clé de l’imaginaire grotesque : l’oxymoron, conjonction de deux éléments a priori incompatibles.
  • Le rire grotesque a quelque chose d’universel, il « se rapproche beaucoup plus de la vie innocente et de la joie absolue que le rire causé par le comique de mœurs » (Baudelaire, cité dans Pavis[1]). Il peut également être rapproché du "rire de triomphe" de Charles Mauron (in : Psychocritique du genre comique).
     

Le grotesque ne se distingue pas toujours du carnavalesque bakhtinien. On sait que Bakhtine désigne du nom de « réalisme grotesque » le système d’images de la culture populaire du Moyen Age et de la Renaissance. On peut dire cependant que dans le grotesque tel qu’il est pratiqué depuis le Romantisme, la dimension tragique est beaucoup plus mise en évidence que dans le carnavalesque médiéval et renaissant.

 


 

 



[1]PAVIS, Patrick, « Grotesque », dans Dictionnaire du théâtre, Paris, Dunod, 1996.